LACONGOLAISE 242

Un  voyage dans le Congo profond

ALVIE MOUZITA RÉCIPIENDAIRE DU PRIX DE LA PRÉSIDENCE DE LA SORBONNE UNIVERSITÉ

ALVIE MOUZITA RÉCIPIENDAIRE DU PRIX DE LA PRÉSIDENCE DE LA SORBONNE UNIVERSITÉ

Alvie Mouzita, jeune écrivain congolais a reçu le prix de la présidence grâce à son poème intitulé « Traduire l’avenir » le 13 juin 2024 à  la Sorbonne Université, Paris.

Dans son poème,  l’écrivain a  abordé la thématique de l’avenir des pays africains. Car, pour lui le lendemain du continent africain ne peut qu’être meilleur si les africains conjuguent les efforts dans une synergie qui vise à développer l’Afrique. 

Ci-dessous vous trouverez son discours de réception de prix et ainsi que son poème.

Chers organisateurs, En recevant la distinction dont votre auguste université a bien voulu m’honorer, ma gratitude est d’autant plus profonde à telle enseigne que je mesure avec gravité, fierté, et honneur, la responsabilité qui m’a une fois encore été confiée par les amants de la poésie.

Il est vrai que les artistes ne doivent pas courir derrière les prix, mais toutefois qu’un écrivain se fait distinguer par une quelconque académie, cela ne fait pas uniquement sa joie personnelle, mais collective jusqu’à susciter le désir de certains individus à s’intéresser à la littérature. Il est aussi vrai que les prix qu’on octroie par copinage, par népotisme ou par lobby, souvent truffé d’un laxisme ostensible, n’honore point le génie créatif, mais asphyxie, par-dessus tout, la beauté littéraire.

Doit-on admettre que c’est moins la distinction littéraire que la qualité du texte qui fait la grandeur d’un écrivain ? Pour ma part, j’affirme que l’objectif premier d’un prix littéraire est de mettre l’excellence en avant. Sur ces entrefaites, l’on peut dire que le lauréat est un modèle d’un travail bien fait.

Cependant, il m’est toujours difficile de comprendre l’acharnement incessant de certains confrères de plume lorsqu’un écrivain remporte un prix littéraire. Quoiqu’en puissent être les raisons, je puis dire qu’aucun écrivain ne peut faire l’unanimité de tous ; de ce que le choix est arbitraire.

Le fait que ce choix se soit exprimé en ma faveur, de façon aussi significative qu’il n’apparaît, est pour moi un élément de motivation supplémentaire pour toujours hisser au firmament les couleurs de la poésie.

Laissez-moi vous faire une confidence dans un élan d’espérance qui motive les jeunes : au début de ma carrière littéraire, alors que j’avais du mal à composer un véritable poème émaillé d’émotions, j’écrivis dans mon cahier que si j’étais appelé à être poète, je serais donc un grand poète, mais si c’était le contraire, je m’arrêterais en chemin. C’est dire combien je crois fortement au don poétique et à la maîtrise du langage à travers un travail de fond sans négliger la volonté inébranlable qu’un artiste fait montre pour la réussite de sa carrière. La grandeur ne se vante pas, non plus elle ne 2 se réclame, mais elle se sent dans la plus profonde intimité de l’individu qui, s’appuyant sur ses efforts, a choisi de marquer l’histoire de son époque.

Pour revenir au sujet, et comme vous pouvez le constater, la poésie, cette « reine d’un monde aussi nombreux que mystérieux », selon l’expression de Pierre Seghers, n’est pas souvent à l’honneur. C’est pourquoi les concours de poésie portent en eux cette volonté indéfectible de faire rayonner, à travers le monde, la noblesse des lettres éclatantes qui composent le chant poétique. Le vôtre ne dérobe pas à cette tâche, et à travers les objectifs qui lui ont été fixés, se bat contre l’ingratitude de notre génération qui laisse choir le genre poétique au détriment du genre romanesque.

Ne sommes-nous pas en droit d’affirmer que rien de beau ne peut se faire dans ce monde sans recours à la poésie ? C’est dans ce même sens que Léopold Sédar Senghor avait déclaré : « La poésie ne doit pas périr. Car, alors où serait l’espoir du monde ? » Ainsi, ma distinction témoigne ici de la considération honorable pour cette poésie du griot qui, à mon humble avis, est la plus secrète mémoire de l’homme. Permettez, chers organisateurs, que dans un sentiment de reconnaissance et d’amitié, je vous réitère, devant cette auguste assemblée, l’étendue de ma joie.

Aussi aimerais-je recevoir ce prix littéraire comme un hommage rendu à tous les artistes qui, malgré le nihilisme qui les guette, supportent les calamités, les angoisses, les affres de la solitude, pour maintenir l’équilibre de la vie entre les souffrances et les joies communes en participant sans relâche à l’épanouissement des individus.

De ce fait, le poète ne se contente pas seulement à chanter la rose, mais à nommer les choses. Doit-on rejoindre Aimé Césaire qui dit que la poésie est une insurrection contre la société ou Jean-Pierre Siméon qui affirme : « La poésie est la perpétuelle insurrection de la conscience contre l’oubli que l’homme fait de lui-même dans sa marche. C’est bien de cet oubli que le poème nous sauve quand il nous rappelle à l’ordre sensible. » Pour ma part, je puis dire que le devoir poétique est pluridimensionnel au travers de ses mystères et de ses envoûtements.

Permettez aussi, pour finir, que je réaffirme mon engagement poétique pour l’épanouissement de mon Afrique dans une démarche humanitaire. Je suis convaincu qu’il n’y a rien de plus splendide pour un artiste, dans l’équivalence entre les formes sensibles et spirituelles, que d’être enraciné dans sa culture pour produire une œuvre sublime.

Il ne me reste plus qu’à vous remercier encore pour cette distinction en renouant avec moi-même la fidélité de mon art au service de la beauté.

Il faut noter qu’il avait été représenté par deux amis Rolph et Isabelle, des congolais vivant à Paris lors de la cérémonie de remise des prix.

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VITIA KOUTIA

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