TITUS KOSMAS HUMORISTE CONGOLAIS ENRACINÉ DANS LE STAND-UP INTELLIGENT

TITUS KOSMAS HUMORISTE CONGOLAIS ENRACINÉ DANS LE  STAND-UP INTELLIGENT
 » L’humour est l’unique remède qui dénoue les nerfs du monde sans l’endormir »  par cette citation de Robert Escarpit, nous allons faire un voyage au cœur du métier de « L’humour » avec Titus Kosmas artiste humoriste congolais pétri de talent et qui défend les valeurs de cet art au-delà des frontières. Un entretien musclé dans votre web-interview To solola avec ce génie créateur 
 
RHODMAN ODIKA
• Peux tu te présenter en quelques mots pour ceux qui ne te connaissent pas ?TITUS KOSMAS
● Je suis Titus Kosmas, un amoureux de l’écriture. Après avoir écrit pour le roman, la poésie, le slam, le théâtre, la musique urbaine (rap, reggae, slam), je me suis spécialisé dans la forme d’écriture que j’affectionne le plus: l’écriture comique. Ainsi j’ai écrit pour des bédéistes, pour des chroniqueurs comiques. Par la suite, je suis devenu moi même humoriste à cause de la pression de certains amis et aussi celles des personnes pour lesquelles j’écrivais. En un mot, je suis un humoriste qui fais du Stand Up depuis 2012.

RHODMAN ODIKA
• Pour plus d’éclaircissement à nos lecteurs, c’est quoi le Stand Up ?

TITUS KOSMAS
● Le Stand Up est née aux USA à la fin du 19ème siècle, c’est un type d’humour dont le principe est de faire rigoler en se basant sur le quotidien, de manière à ce que le public se reconnaisse dans les mises en situation de l’humoriste sur scène. L’humoriste pratiquant le Stand Up peut également faire rigoler en se servant des clichés sur sa communauté en donnant son opinion sur la religion, la politique et les grandes questions existentielles. Il peut également se baser sur l’actualité en la traitant de façon décalée. À la base le stand up se pratique seul (une personne seule sur la scène).

RHODMAN ODIKA 
• Il y a t-il une différence entre un Humoriste et un Comédien ? Si oui laquelle ?

TITUS KOSMAS 
● Tout humoriste est un comédien mais tout comédien n’est pas forcément humoriste… Un Comédien c’est quelqu’un qui incarne un rôle ou un personnage. Il peut donc incarner un personnage au cinéma, dans une série télé, dans une pièce de théâtre ou même jouer un rôle dans un clip ou encore dans une publicité. Voilà pourquoi les acteurs de cinéma et ceux qui font le théâtre sont appelés Comédiens.
Les gens pensent qu’il y a que des rôles drôles dans la comédie, un comédien peut également incarner un personnage méchant, il peut se voir distribuer un rôle qui fait pleurer si le personnage inspire la tristesse, là on est dans la comédie dramatique. Par contre un Humoriste a pour unique rôle de faire rire sur scène primordialement. On peut également l’appeler à faire des sketchs ou des chroniques à la télé dans le même contexte, faire pisser et non autre. Quand il est sur scène on peut conventionnellement l’appeler  » Comédien «  parce qu’il incarne plusieurs personnages. Beaucoup d’humoristes par exemple sont devenus par la suite comédiens (acteurs de théâtre et de cinéma) comme Eddie MurphyJamel Debouz, Gad Elmaleh, Omar Sy et autres…

RHODMAN ODIKA 
• L’humour nourrit il son homme ?

TITUS KOSMAS
● Oui énormément, j’ai fait deux ans sans faire un mois au pays. Le Stand Up peut se faire partout, même sans micro,  sans électricité. Déplacer un humoriste coûte moins cher que déplacer un orchestre ou une troupe théâtrale et c’est cet aspect qui fait que le comique soit très sollicité. Au début c’est pas facile mais quand l’humoriste se démarque et commence régulièrement à passer sur des chaînes internationales, les invitations pleuvent. Quand on est comique il faut savoir diversifier le contenu de son humour, on m’appelle parfois pour endosser des rôles dans des publicités, dans des clips, dans des films. J’écris aussi pour d’autres comiques. Au Togo, j’ai travaillé pour une revue satirique avec des caricaturistes. J’ai aussi écrit pour des bédéistes. J’ai écrit des blagues pour une revue belge et vendu des chroniques pour des comiques de France Inter. Et récemment ça été pour moi un plaisir immense de travailler pour Willy Zekid célèbre bédéiste congolais créateur de Nguvu, Takef...

RHODMAN ODIKA
• Est il facile de faire rire devant un public hétérogène (jeunes, vieux, étudiants, employés, femmes, hommes, enfant et adultes) ?

TITUS KOSMAS 
● L’humour est relatif, ce qui fait rire un jeune ne peut pas faire rire un vieux de la même façon. Ce qui fait rire un congolais ne peut pas fait rire un chinois de la même façon, ce qui fait rire une femme ne peut pas faire rire un homme de la même façon, tout est question de code et de culture du public en face de toi, il y a même des sketches appartenant à ce que l’on appelle l’humour communautaire qui ne sont réservés qu’aux gens de la même communauté. L’humoriste doit donc cibler son public avant de faire rire, et quand on veut faire une carrière internationale, il faut beaucoup plus aborder des sujets universels, tels que ceux liés à l’actualité, au racisme, à la pauvreté bref ce sont des sujets qui permettront à l’artiste de ne pas moduler son sketch tout le temps en fonction des pays dans les quels il se rendrait éventuellement. Et c’est un conseil que je donne souvent aux novices, qu’ll faut absolument éviter d’évoquer tout le temps des sujets que seuls les congolais comprennent car l’humour communautaire n’est pas compris par tous, c’est toujours bien d’universaliser son humour.

RHODMAN ODIKA 
• A votre avis, le public congolais sait-il apprécier l’humour ?

TITUS KOSMAS 
● Oui, il n’y a qu’à voir l’engouement avec lequel il vient à nos spectacles et comment ce cher public remplit nos salles. Il y a un événement à Brazzaville qu’on appelle JONARI  » Journée Nationale du Rire « , la dernière édition s’est faite dans la grande salle du Palais Des Congrès où les 1.500 places assises ont été toutes occupées. C’est pour dire qu’aujourd’hui il y a une véritable révolution dans ce domaine, le public est accro parce que les comiques congolais se professionnalisent davantage en offrant des spectacles de qualité. Et ces artistes font la fierté de leurs fans en allant à des grands festivals dédiés à l’humour. Ils participent à des émissions internationales consacrées à l’humour comme le parlement Du Rire, le Valery Ndongo Comedy Club où j’ai eu le plaisir de participer. On peut donc dire que l’humour scénique congolais a tiré son épingle du jeu et commence à vivre ses plus beaux instants de gloire avec non seulement la prolifération de professionnels de ce secteur mais aussi la naissance de plusieurs festivals.

RHODMAN ODIKA
• L’humour a ses limites un seul mot placé dans un mauvais contexte peut briser votre
carrière, comment t’organises tu à éviter cela ?

TITUS KOSMAS 
● Je m’auto- censure et essaie de soumettre à critique mes sketches auprès des collègues ou
amis pour voir leurs réactions par rapport aux vannes qui semblent être très provocatrices. Je pratique ce qu’on appelle  » l’humour noir  » et parfois j’incarne des personnages méchants dans le but justement de condamner la méchanceté mais c’est un type d’humour à double tranchant, ça peut aussi blesser les personnes qui n’ont pas la sensibilité qu’il faut pour comprendre que c’est du second degré,  je m’y met avec beaucoup de tact et beaucoup de finesse. Mais après, on a beau mettre un filtre sur ses propos, si on pratique  » l’humour trash « , il y aura toujours des gens qui seront vexés car ce qui te fait rire toi, peut être pris pour une provocation par une autre personne. L’occasion de faire référence à l’affaire  » Charlie Hebdo « , il y a eu humour pour les uns et blasphème pour les autres. Je finirai donc en citant  » Pierre Desproges  » qui disait : On peut rire de tout mais pas avec n’importe qui. Voilà pourquoi  » l’humour populaire  » fédère plus de gens que  » l’humour noir « .

RHODMAN ODIKA 
• Tes projets à courts termes ? Et un dernier mot pour clore!

TITUS KOSMAS 
● Je serai Directeur artistique d’un festival aussi dédié à l’humour que nous lançons sous peu. Si les sponsors et les différents partenaires tiennent leurs promesses, le festival aura lieu du 28 au 29 Septembre 2018 au Palais Des Congrès un mois avant le Festival Tuséo qui aura lieu du 25 au 27 Octobre 2018 et j’ai été programmé. J’ai aussi des dates de tournée à l’extérieur du pays. En Octobre je repartirai à Abidjan pour l’enregistrement de la 6ème saison du Parlement du Rire. En Novembre je serai à Douala pour Africa Stand Up Comedy Festival et le Valery 
Ndongo Comedy Club. Le même mois je suis également programmé pour le Firho à Ouagadougou. En Décembre je serai au Tarmac du Rire au Niger. En ce moment je suis en résidence de création de mon nouveau spectacle. Je suis encore à la phase d’écriture. Je souhaite une longue vie au Stand Up Congolais et j’invite aussi les femmes à s’intéresser à cet art passionnant. Jusque là, les femmes qui s’adonnent à l’humour peuvent être comptées du bout des doigts. Je lance aussi un appel aux décideurs politiques, qu’ils intègrent l’humour dans leur ligne budgétaire et créent un climat favorable afin que l’humour devienne une industrie artistique à part entière, génératrice de revenus, passer aussi par une bonne politique de gestion des droits d’auteur. Beaucoup d’artistes préfèrent protéger leurs oeuvres dans des maisons de propriété intellectuelle à l’étranger pas par désamour du pays mais par contrainte ce qui favorise techniquement une fuite des capitaux. Je ne saurai terminer sans remercier toutes les sociétés qui subventionnent l’humour et surtout notre cher public sans lequel nous ne serions pas ce que nous sommes aujourd’hui. Merci cher public!

Propos recueillis par Rhodman ODIKA (Cerveau penseur).

rédaction