DIOFEL, ARTISTE SLAMEUR CONGOLAIS EN PLEINE EXPANSION
De son vrai nom Diofel MOUANGA KAYA, l’artiste parolier, slameur et messager Congolais s’est entretenu avec nous pour ce 107ème numéro de notre Web-Interview. Pour celui qui est l’un des meilleurs du Slam Congolais, le parcours n’a pas été facile mais le courage et surtout le soutien de la famille lui ont permis de gravir les échelons dans la pratique de cet art qui guérit les maux par les mots.
RHODMAN ODIKA
• C’est quoi le Slam ? Concrètement.
DIOFEL
● Historiquement c’est une forme de poésie orale déclamée dans des lieux publics comme la
rue, les bars, les cafés, et les autres espaces scéniques. Contrairement à ce qu’on croit que le Slam n’est pas un genre musical, mais une tribune d’expression où les acteurs sur scène sont
pleinement libres de dire leur poésie dans la forme qu’ils souhaitent. Qu’il soit acappela ou en musique, rythmé ou non, chanté ou rappé, le slam s’inscrit beaucoup plus dans la mouvance
de l’auteur ou du lecteur que dans un genre défini.
RHODMAN ODIKA
• Comment as tu découvert le Slam ?
DIOFEL
● Principalement grâce à Sadrak Pondi, membre du groupe de Rap camerounais Negrissim, avec qui on a organisé plusieurs soirées micro-ouverts à Dakar.
Il m’a présenté Saul Williams, Souleymane Diamanka, le Rap de la brousse, et plusieurs
autres talents amoureux d’un nouveau style orienté vers le verbe. Et nous avons décidé de
partager autour de nous, cette idée très séduisante de pouvoir s’exprimer aussi librement. Notre association a portée ses fruits et m’a conduit à mon tour à prendre place sur la scène. Et après le départ de mon professeur du pays de la Téranga, j’ai initié à mon tour des soirées de
déclamation tous les 2 vendredi du mois, les ” Vendredi Slam ” d’où est né le collectif éponyme avec qui nous avons conduit l’aventure vers des ateliers, des concerts et aussi un album aujourd’hui.
RHODMAN ODIKA
• Tu as débuté avec le Collectif ” Vendredi Slam ” , qu’est ce qu’est devenu ce collectif ?
DIOFEL
● Le collectif a évolué et continue ses activités partout où se trouvent ses membres avec des ateliers, des scènes ouvertes, des spectacles. Aussi un album sortit en 2014 qui s’intitule “Je veux un S comme Slam “. Lorsque j’ai quitté Dakar, nous étions 24 membres âgés de 20 et 40ans baignant dans une ambiance très familiale. Aujourd’hui le travail continue et l’idée des
soirées nomades est toujours là, il y a des nouveaux adhérents à chaque déplacement et aussi des carrières solo qui se sont formés. Et je crois sérieusement que cette initiative ira encore plus loin.
RHODMAN ODIKA
• Qu’est ce qui te fascine dans le Slam ?
DIOFEL
● Le côté libre et poétique dans le fond et les formes qui interviennent.Le côté libre et poétique dans le fond et les formes qui interviennent. Même si on est amené au respect des règles de la langue qu’on emploi, on traverse le champ des possibles et on ose dire le quotidien de façon complètement ouverte. D’ailleurs dans l’histoire de cette discipline, c’est Marc Smith qui initie l’idée de rendre les lectures de poèmes moins élitistes et plus populaires. Que la poésie soit plus vivante et traitée autant par l’intello que l’apprenti ou l’écolo, l’employeur ou l’employé, quelque soit la couleur de peau ou la différence d’âge de nos premiers mots. C’est tout le monde qui peut slamer et c’est ça qui me fascine.
RHODMAN ODIKA
• C’est quoi le Slam ? Concrètement.
DIOFEL
● Historiquement c’est une forme de poésie orale déclamée dans des lieux publics comme la rue, les bars, les cafés, et les autres espaces scéniques. Contrairement à ce qu’on croit que le Slam n’est pas un genre musical, mais une tribune d’expression où les acteurs sur scène sont pleinement libres de dire leur poésie dans la forme qu’ils souhaitent. Qu’il soit acappela ou en musique, rythmé ou non, chanté ou rappé, le slam s’inscrit beaucoup plus dans la mouvance de l’auteur ou du lecteur que dans un genre défini.
RHODMAN ODIKA
• Comment as tu découvert le Slam ?
DIOFEL
● Principalement grâce à Sadrak Pondi, membre du groupe de Rap camerounais Negrissim, avec qui on a organisé plusieurs soirées micro-ouverts à Dakar.
Il m’a présenté Saul Williams, Souleymane Diamanka, le Rap de la brousse, et plusieurs autres talents amoureux d’un nouveau style orienté vers le verbe. Et nous avons décidé de partager autour de nous, cette idée très séduisante de pouvoir s’exprimer aussi librement. Notre association a portée ses fruits et m’a conduit à mon tour à prendre place sur la scène. Et après le départ de mon professeur du pays de la Téranga, j’ai initié à mon tour des soirées de
déclamation tous les 2 vendredi du mois, les ” Vendredi Slam ” d’où est né le collectif éponyme avec qui nous avons conduit l’aventure vers des ateliers, des concerts et aussi un album aujourd’hui.
RHODMAN ODIKA
• Tu as débuté avec le Collectif ” Vendredi Slam ” , qu’est ce qu’est devenu ce collectif ?
DIOFEL
● Le collectif a évolué et continue ses activités partout où se trouvent ses membres avec des ateliers, des scènes ouvertes, des spectacles. Aussi un album sortit en 2014 qui s’intitule “Je veux un S comme Slam “. Lorsque j’ai quitté Dakar, nous étions 24 membres âgés de 20 et 40ans baignant dans une ambiance très familiale. Aujourd’hui le travail continue et l’idée des soirées nomades est toujours là, il y a des nouveaux adhérents à chaque déplacement et aussi des carrières solo qui se sont formés. Et je crois sérieusement que cette initiative ira encore plus loin.
RHODMAN ODIKA
• Qu’est ce qui te fascine dans le Slam ?
DIOFEL
● Le côté libre et poétique dans le fond et les formes qui interviennent. Même si on est amené au respect des règles de la langue qu’on emploi, on traverse le champ des possibles et on ose dire le quotidien de façon complètement ouverte. D’ailleurs dans l’histoire de cette discipline, c’est Marc Smith qui initie l’idée de rendre les lectures de poèmes moins élitistes et plus populaires. Que la poésie soit plus vivante et traitée autant par l’intello que l’apprenti ou l’écolo, l’employeur ou l’employé, quelque soit la couleur de peau ou la différence d’âge de nos premiers mots. C’est tout le monde qui peut slamer et c’est ça qui me fascine.
RHODMAN ODIKA
• Quelles doivent être les potentialités d’un Slameur ?
DIOFEL
● Déjà on ne naît pas slameur, on le devient à force d’apprentissage et de tentatives. Alors les potentialités seraient l’envie, le besoin, la sincérité parce qu’il y a quelque chose dans les textes qui retranscrivent des émotions vraies.
RHODMAN ODIKA
Le slameur est-il un révolté social comme le pense certaines personnes ?
DIOFEL
●Révolté!!! NON. Libre penseur à voix haute, oui. Puisqu’il s’agit d’abord de dire les choses tel qu’on le souhaite, et pas comme on vous le commande les libertés académiques. Si c’est ça un révolté alors nous le sommes tous aujourd’hui. De toute façon il n’y a qu’un apport culturel intéressant lorsque chacun apporte sa pierre à l’édifice, comme disait un philosophe il faut bien du tout pour faire un monde. Qui dit Slam dit Engagement.
RHODMAN ODIKA
• Pourquoi as tu choisi de faire le Slam ? alors que nous savons qu’il est moins connu au Congo et en Afrique.
DIOFEL
● Je pense pas vraiment avoir choisit au début, ça s’imposait plutôt comme une évidence. J’avais envie de monter sur scène et de dire au monde ce que j’avais écrit dans ma chambre, mes expériences dans l’école de la vie, et bien sûr à ce moment là le trac était encore plus grand. Mais je pense que le choix s’est imposé grâce à un entourage de gens passionnés et animés du même feu de Dieu. Je pense à Aicha Dème, à Moona Yanni, à Fary Ndao, à Tata Myriam, à Youssou et plein d’autres que je ne pourrais pas lister ici, qui m’ont fait sentir moins seul sur cette longue route. Et même si les orientations ont été différente pour certains, c’est le fait de voir des gens sur le podium et dans le public croire que vous pouvez y arriver, qui est resté le moteur. Quant au fait que le slam est moins connu en Afrique ça va avec un tout, un système qui s’empêche de mieux vulgariser le savoir de ses résidents. Donc la difficulté n’est pas tant d’être connu mais de le rester, et savoir respecter les efforts de chacun lorsqu’il faudra enregistrer et exporter. Ici en Afrique comme partout dans le monde, on ne veut pas changer de système puisqu’il n’est pas fait pour laisser émerger des talents,
mais plutôt pour favoriser la nostalgie d’une époque dans laquelle les générations naissantes ne se retrouvent que dans l’imitation. Le copie-coller d’un précurseur qui lui même n’arrivera pas vers la terre promise.
RHODMAN ODIKA
• Quelle est ta source d’inspiration ?
DIOFEL
● J’aimerais croire que tout ce qu’il y a autour de moi m’inspire. J’aime bien l’idée de la tour de Babel après la malédiction divine, avec toutes ces langues s’exprimant à la fois, de toutes les manières possibles pour être compris. C’est vrai qu’il est important d’orienter son écriture, mais j’aime dire ce que les gens et les choses voudraient dire lorsqu’ils sont sans voix. Mais il y a aussi et surtout ce que mon ressenti par rapport à toutes ces expériences glanés ça et là.
RHODMAN ODIKA
• Quelle est la différence entre le Slam et le Stand Up ?
DIOFEL
● Les avis différents encore à ce point, mais je pense qu’à la différence du slam qui invite à écouter et à vivre un poème, le stand up fait intervenir une mise en scène que représenterait l’utilisation de gestes, d’accents ou d’un personnage de la scène. Dans le slam l’accent est sur le poème, par sur celui qui le raconte.
RHODMAN ODIKA
• En tant que slameur quel est votre engagement social ?
DIOFEL
● J’ai une vision assez large de la chose mais le leitmotiv ce serait ” l’amour qui se donne et l’énergie qui en ressort “.Je ne tourne pas le couteau dans la plaie puisque ça fait mal, mais je parle pourque les mémoires se souviennent et agissent en conséquence pour les générations de demain.Je parle de la confiance dans la communication, même si on est pas d’accord on peut au moins se le dire et trouver une issue pacifique à notre désaccord. Je parle d’une prostituée pas pourque celle-ci soit une cible de préjugés et d’injures, mais plutôt que son choix soit protégé puisqu’il n’ait pas étonnant qu’elles soient des cibles de viol. Des inondations qui tuent encore nos nouveaux nés. De l’amour qui se retrouve après la traversée du désert. De toutes ses portes qui n’attendent que notre volonté pour s’ouvrir. Du soleil qui se lève et de la lune qui veille pendant que la grande roue poursuit son cible. Bref je suis convaincu que ce créneau est mon engagement pour la société dans laquelle j’habite.
RHODMAN ODIKA
• Est-ce que le Slam est une culture urbaine comme le Rap et le Hip-Hop ?
DIOFEL
● Pour moi le Rap est une membrane du mouvement hip hop et même si les poètes issus de cette mouvance revendiquent ses racines dans la rue, le slam se pratique par des poètes de tous genres, et de toutes origines. Pour votre gouverne, le slam est une forme de déclamation poétique en marge des circuits artistiques traditionnels, un lien entre écriture et performance
scénique. Et à ce moment il faut comprendre que même si les plus médiatisés sont inscrits comme artiste hip hop, le slam est ouvert à tous. Même si on vient du village.
Propos recueillis par Rhodman ODIKA (Cerveau penseur)